Insupportable pique-nique parisien

Avec la venue des premiers rayons de soleil, personne n'y coupe. Ce n'est plus chic et sympa de pique-niquer, c'est devenu banal et vulgaire. Et quand le pique-nique prend place à Paris, cela frise le ridicule.

Non contents d'être agglutinés et de souffrir du manque d'espace et d'intimité toute la semaine durant dans les bureaux paysagers, les transports en commun et autres espaces publics, les parisiens en redemandent le week-end en se retrouvant, joyeux et fiers, sur les pelouses des parcs parisiens.

J'ai été conviée à un pique-nique au parc Montsouris ce Dimanche et, j'avoue par faiblesse mais aussi parce que je n'avais aucun prétexte légitime à faire valoir (si ce n'est mon tempérament casanier et mon aversion pour les attroupements), je m'y suis rendue, avec ma glacière monop en bandouillère....

En principe, chacun amène ses victuailles et le propose à son prochain. Parce qu'il fait beau, que la vie est belle, qu'on est au vert donc on se sent généreux.

Dans les faits, à part le tire-au-flanc (ou le radin) qui se sera fendu d'un malheureux paquet de chips et qui compte sur la générosité de ses petits copains, s'il s'aventure peut-être à goûter un peu de la salade de pâtes du voisin, le pique-niqueur reviendra bien vite à la sienne de salade de pâtes, parce que la sienne, elle est toujours meilleure, c'est bien connu.

Les femmes auront inmanquablement confectionné un cake salé, du plus banal et fade (le fameux cake aux olives et jambon) au plus recherché. Dans la série salade rafraichissante, le taboulé se taille la part belle.Vient le melon, avant ou après d'ailleurs, il n'y a pas d'ordre, c'est ça qui est si fun. Et bien sûr en dessert, le gâteau au chocolat (qui se fera appeller moelleux parce qu'on aura raccourci de 10 minutes sa cuisson).

Bref, tout cela est fort ennuyeux. Sauf pour les enfants, qui adorent manger dans le désordre, se lever de table, courir pieds nus et se rouler dans l'herbe.

Voilà ma fille, encore un sacrifice que j'ai fait pour toi !