Cohabitation des genres dans le métro

Nos hommes sont fatigués. Ils ressentent un irrépressible besoin de s’asseoir partout où ils sont et surtout dans le métro. J’en ai encore fait l’expérience ce matin, lorsque je me suis fait souffler par deux fois une place assise dans le métro par un homme. Se faire piquer une place dans le métro, c’est monnaie courante. Quand c’est une femme qui fait le coup, c’est de bonne guerre. On sourit jaune à la victorieuse et on s’écrase. Premier arrivé, premier servi. …

Mais quand c’est un homme qui devance aussi grossièrement une femme, alors je ne peux m’empêcher d’être choquée.

Mais pourquoi cela devrait-il plus m’offusquer ?

Sommes-nous vraiment en droit d’attendre aujourd’hui encore un geste de galanterie de la part de nos congénères de sexe masculin ?

Ce qui m’a renvoyé directement à l’interrogation suivante : quel est le but de la galanterie ? Plus qu’un savoir-vivre, ce mode de conduite est d’abord lié à la pratique de l’amour courtois. Or de nos jours, l’amour courtois, c’est un blind-date place St Michel, un échange de quelques SMS crétins et puis éventuellement un dîner aux chandelles, où l’addition sera partagée avant le lit…

Mais la galanterie, ce n’est pas seulement un mode de drague policé. C’est aussi il me semble la démonstration d’une marque d’attention et surtout de protection du sexe fort à l’égard du sexe faible.

Or, à bien des égards, notre sexe n’est plus faible. Quant aux hommes, ils font contre mauvaise fortune bon cœur. Ces deux mufles qui m’ont superbement ignorée ce matin lorsqu’il s’agissait de s’effacer devant moi, se sont peut-être levés à l’aurore (soit avant 07h00 à Paris), pour aider leur compagne à habiller les enfants, accrocher la lessive qui a tourné pendant la nuit, faire le café….tout en prenant connaissance des multiples messages d’une importance capitale qui leur parviennent sur le blackberry.

Bref, nos hommes commencent à devenir des hommes accomplis. Et je crois que rien que pour ça, ils méritent une place assise dans le métro. Parce qu’eux, ils n’ont pas été programmés pour l’être.